Le Petit bonhomme en pain d'épice de Sara Cone Bryant

Il était une fois une petite vieille et un petit vieux qui vivaient seuls dans une vieille petite maison. Ils n’avaient pas d’enfant : ni fille ni garçon. Alors un jour, la petite vieille fit un petit garçon en pain d’épice.

Elle lui fit une veste en chocolat avec des graines de cannelle en guise de boutons ; ses yeux étaient deux belles groseilles, sa bouche était en sucre coloré en rose et il avait un joli petit bonnet en sucre candi orange. Une fois que la petite vieille l’eut bien façonné, qu’elle l’eut habillé, et ajusté des chaussures en pain d’épice à ses pieds, elle le mit dans une casserole, puis elle mit la casserole dans le four et elle ferma la porte ; elle pensait : « Maintenant j’aurai un petit garçon à moi. »
Quand le temps de cuisson fut écoulé, elle ouvrit la porte du four et en sortit la casserole. Le petit garçon en pain d’épice sauta sur le sol, et il se sauva en passant par la porte jusque dans la rue ! La petite vieille et le petit vieux lui coururent après aussi vite qu’ils le pouvaient, mais il s’est mis à rire et a crié:
– Vous pouvez toujours courir !
– Vous ne pourrez m’attraper, je suis le Petit Bonhomme en pain d’épice !
Et ils ne purent le rattraper.

Le petit bonhomme en pain d’épice courut encore et encore, jusqu’à ce qu’il croise une vache sur le bord de la route qui lui dit :
– Arrête-toi Petit Bonhomme en pain d’épice, je veux te manger.
Le Petit Bonhomme en pain d’épice se mit à rire et dit:
– Oho ! Oho ! J’ai échappé à une petite vieille et à un petit vieux, je peux bien t’échapper, si je veux ! Et, comme la vache le poursuivait, il regarda par-dessus son épaule et cria:
– Tu peux toujours courir !
– Tu ne pourras m’attraper, je suis le Petit Bonhomme en pain d’épice !
Et la vache ne put pas le rattraper.

Le petit bonhomme en pain d’épice continua à courir jusqu’à ce qu’il arrivât auprès d’un cheval qui paissait dans un pré qui lui dit :
– S’il te plaît, arrête-toi Petit Bonhomme en pain d’épice, tu me parais bien appétissant !
Mais le Petit Bonhomme en pain d’épice éclata de rire.
– Oho! Oho! dit-il, j’ai échappé à une petite vieille, à un peu vieux, à une vache, je peux bien t’échapper, si je veux !
Et, comme le cheval le poursuivait, il regarda par-dessus son épaule et cria :
– Tu peux toujours courir !
– Tu ne pourras m’attraper, je suis le Petit Bonhomme en pain d’épice !
Et le cheval ne put le rattraper.

Il courut si bien qu’il finit par arriver dans une grange où se trouvaient des batteuses. Celles-ci sentirent la présence du petit bonhomme d’épice et elles essayèrent de le prendre en disant :
– Ne cours pas si vite Petit Bonhomme d’épice, tu sembles si appétissant qu’on te mangerait bien !
Mais le Petit Bonhomme en pain d’épice courut aussi vite qu’il put tout en criant :
– Oho! Oho! J’ai échappé à une petite vieille, à un peu vieux, à une vache, à un cheval, je peux bien t’échapper aussi, si je veux !
Lorsqu’il pensa être assez loin des batteuses, il se retourna et à nouveau il leur cria :
– Vous pouvez toujours courir !
– Vous ne pourrez m’attraper, je suis le Petit Bonhomme en pain d’épice !
Et les batteuses ne purent l’attraper.

Alors, le Petit Bonhomme en pain d’épice courut plus vite que jamais. Il courut et courut encore jusqu’à ce qu’il arrivât dans un champ où se trouvaient des faucheuses. Lorsque celles-ci virent combien il était appétissant, elles lui coururent après en criant : « Attends, attends-nous un peu, Petit Bonhomme en pain d’épice, nous voulons te manger ! » Mais le Petit Bonhomme en pain d’épice se mit à rire plus fort que jamais et courut aussi vite que le vent.

– Oho! Oho! J’ai échappé à une petite vieille, à un peu vieux, à une vache, à un cheval, à une grange remplie de batteuses, je peux bien vous échapper aussi, si je veux !
Et lorsqu’il pensa être assez loin des faucheuses, il se retourna et leur cria :
– Vous pouvez toujours courir !
– Vous ne pourrez m’attraper, je suis le Petit Bonhomme en pain d’épice !
Et les faucheuses ne purent l’attraper.

Dès lors, le Petit Bonhomme en pain d’épice devint si orgueilleux, qu’il était persuadé que personne ne pouvait l’attraper.

Bientôt, il vit un renard qui venait à travers champ. Le renard l’aperçut et se mit à courir, mais le Petit Bonhomme en pain d’épice lui cria : « Tu ne peux pas m’attraper ! » Alors le renard commença à courir plus vite et le Petit Bonhomme en pain d’épice courut plus vite aussi, et comme il courait, il dit en ricanant :
– Oho! Oho! J’ai échappé à une petite vieille, à un peu vieux, à une vache, à un cheval, à une grange remplie de batteuses, un champ plein de faucheuses, je peux bien t’échapper aussi, si je veux ! Tu peux toujours courir ! Tu ne pourras m’attraper, je suis le Petit Bonhomme en pain d’épice !
– Pourquoi ? demanda le renard, je n’ai pas l’intention de t’attraper, je ne voudrais pas te déranger.

Juste à ce moment-là, le Petit Bonhomme en pain d’épice arriva auprès d’une rivière, mais il ne pouvait la traverser. Il fallait pourtant qu’il continue à courir devant la vache, le cheval et les petits vieux.
– Saute sur ma queue, et je t’aiderai à traverser, lui dit le renard.
Alors le Petit Bonhomme en pain d’épice sauta sur la queue du renard, et le renard nagea dans la rivière. Quand il se fut un peu éloigné de la rive, il se retourna et dit : « Petit Bonhomme en pain d’épice, tu es trop lourd pour rester sur ma queue, je crains de te mouiller, saute sur mon dos ! ». Et le Petit Bonhomme en pain d’épice grimpa sur son dos.
Un peu plus loin, le renard dit : « Je crains que l’eau ne te recouvre bientôt, saute sur mon épaule » Et le Petit Bonhomme en pain d’épice sauta sur son épaule.

Au milieu de la rivière le renard dit : « Oh cher Petit Bonhomme en pain d’épice, mon épaule est en train de lâcher, saute sur mon museau et je te maintiendrai hors de l’eau. ». Et le Petit Bonhomme en pain d’épice sauta sur son museau.
A peine le renard, eut-il atteint le rivage qu’il rejeta sa tête en arrière et hop donna un coup de dent.
« Oh ! Pauvre de moi, dit le Petit Bonhomme en pain d’épice, j’ai perdu un quart de ma taille ! ».
La minute d’après il dit « Oh ! Je ne suis plus que la moitié de moi-même ! ».
Une minute plus tard il dit : « Mon Dieu, je suis parti au trois quart ! »
Et après cela, le Petit Bonhomme en pain d’épice n’a plus jamais rien dit.



Ce petit conte signé Sara Cone Bryant est disponible en téléchargement gratuit en anglais sur le site du Projet Gutenberg (plusieurs formats disponibles).
Vous pouvez en l'outre l'écouter, toujours en anglais, sur Wikimedia Commons.


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