La Mécanique du Diable - Philip Pullman & Xavier Collette

"A l’époque où se passe cette histoire, on mesurait le temps avec des horloges. Je veux dire de vraies horloges, avec des ressorts, des roues dentées, des engrenages, des balanciers (…)"
L’automne est enfin là avec son lot de réjouissances : les feuillages colorées, la fraicheur tant attendue, les boissons chaudes aux parfums épicés, les citrouilles et, peut-être… les lectures qui font peur à lire en famille !

La Mécanique du Diable (Clockwork or all wound up) est un conte fantastique signé Philip Pullman (A la Croisée des Mondes, La Trilogie de la Poussière…) et édité pour la première fois en 1996 puis réédité à plusieurs reprises depuis. Ainsi, en octobre 2020, Flammarion a sorti une superbe version illustrée par Xavier Collette. C’est de cette édition dont il sera ici question.

Nous sommes en Allemagne, dans la petite ville de Glockenheim, où les habitants se réunissent chaque soir à la taverne du Cheval Blanc, autour d’un bon feu. Lors de ces veillées hivernales, les villageois écoutent avidement les histoires écrites et contées par Fritz qui sait tenir son auditoire en haleine.
Ce soir-là, tapis dans un coin, Karl, l’apprenti horloger rongé par le désarroi n’écoute guère l’histoire de Fritz. Demain, il doit présenter un nouvel automate pour la grande horloge du village, personnage sur lequel il travaille depuis des mois. Problème… il n’a encore rien réalisé ! Arrive alors l’inquiétant docteur Kalmenius, prêt à l’aider. Désespéré, Karl accepte.

"La mécanique est enclenchée, c’est le début d’une abominable nuit…
Le pacte est scellé, impossible de faire marche arrière..."
Le grand-père de l’auteur était conteur et le jeune Philip Pullman sut très tôt qu’il deviendrait écrivain. Il se considère d’ailleurs aujourd’hui non pas comme un auteur mais comme un conteur, celui qui raconte une histoire et qui privilégie le contenu plutôt que la forme.

Dans La Mécanique du Diable, Pullman convoque tour à tour un être diabolique, une jeune prince malade, un père accablé et prêt à tout pour sauver son fils, et une fillette à l’amour inconditionnel.
Ce conte moral très prenant marie intiment fiction et réalité, et va même jusqu’à briser le quatrième mur et pénétrer notre univers via les courtes observations du narrateur (sous la formes de petits encadrés) proposant des informations historiques ou des commentaires amusants ou plus personnels qui nous sont directement destinés. L’astuce semblerait de prime abord anecdotique mais permet de faire retomber un peu la pression car n’oublions pas qu’il s’agit d’un conte prioritairement destiné aux pré-ado. Cet ouvrage est donc particulièrement indiqué si vous décidez d'interpréter le narrateur et conter cette histoire à vos enfants durant la nuit d’Halloween.

La Mécanique du Diable nous parle d’échec, de culpabilité, d’espoir, de dépassement de soi, de mécanisme de vie… On se délecte de l’ambiance glaciale de ce village reculé de l’Allemagne libéré de tout emprise du temps et où, l’espace d’une nuit le lecteur devient un habitant de Glockenheim.

Les superbes illustrations noir et blanc de Xavier Collette (artiste belge expatrié en Bretagne), héritières du steampunk et de la fantasy, évoquent tout à la fois un univers féérique de clair-obscur et d’une certaine façon le monde de Tim Burton. Ses peintures numériques sont particulièrement expressives et immersives.
Si vous êtes adeptes de jeux de plateau, on doit notamment à cet artiste les illustrations, de toute beauté, du jeu Mysterium (dont je suis une grande fan !).

  • La Mécanique du Diable
  • De Philip Pullman
  • Illustré par Xavier Collette
  • Ed. Flammarion Jeunesse (octobre 2020)
  • 116 pages
  • A partir de 9 ans
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