Saint Martin

Fête de la St Martin à Düsseldorf, 1863

L'histoire de Saint Martin
Martin est né en l'an 316 à Sabaria dans la province de l'Empire Romain de Pannonie (actuelle Hongrie, à Szombathely). A l'adolescence, il aurait décidé de consacrer sa vie à Dieu mais son père militaire l'aurait forcer à rejoindre l'armée romaine. Selon la légende, en 338 (alors qu'il est affecté à Amiens), par une glaciale nuit d'hiver, Martin aurait offert la moitié de la doublure de son manteau à un mendiant transi de froid. La nuit suivante, le Christ lui serait apparu en songe et l'aurait félicité pour sa bonne action.

Saint Martin partageant son manteau
Antoine Van Dyck, 1618 (église Saint-Martin, Zaventem, Belgique)

A 18 ans, il se serait fait baptiser mais en tant que militaire, il ne pouvait devenir prêtre. Il se serait alors retiré alors sur l'île de Gallinara près d'Albenga en Italie, où il aurait d'ailleurs manquer de s'empoisonner en ingérant de l’hellébore !)

En 360, alors âgé de 44 ans, il créa une communauté de moines à Poitiers et c'est à cette époque qu'il aurait accompli quelques miracles. Onze ans plus tard, l'évêque de Tours mourut et les habitants de la ville souhaitèrent ardemment que Martin le remplace, mais ce dernier refusa et les tourangeaux kidnappèrent Martin et le proclamèrent évêque contre son gré le 4 juillet 371. Toutefois Martin résista et décida de vivre dans la pauvreté dans une cabane en bois, s'infligeant toutes sortes d'interdits et de privations, allant même jusqu'à s'habiller en poil de chameau ! Martin s'épuisa et décéda à Candes-sur-Loire le 8 novembre 397, il fut inhumé à Tours le 11 novembre. La légende veut que des fleurs se soient mises à éclore au passage de son corps transporté vers Tours... d’où l’expression "été de la Saint-Martin" (journées automnales particulièrement ensoleillées que nos amis québecois, canadiens et américains connaissant bien, sous le nom d'"été indien" !)

La fête de la St Matin en Allemagne
L'histoire de l’évêque St Martin est donc intimement liée à celle de la ville de Tours. Pourtant, Saint Martin n'est pas célébré en France (à l'exception de quelques régions d'Alsace et du Nord), mais principalement en Allemagne.

Outre-Rhin, au Moyen Âge, la St Martin marquait le début de la "saison sombre", date à laquelle toutes les récoltes devaient être rentrées, les travaux de la ferme terminés, on payait les fermages et on s'acquittait de la dîme (un impôt agricole reversé à l’Église - aboli en France en 1789) , on embauchait les ouvriers agricoles pour la saison à venir, c'était le début officiel de l'hiver. A l'occasion de cette fête rurale, on organisait en France des foires et des marchés, et on tuait le cochon... traditions toujours préservées, comme à Pontoise par exemple.

Le soir venu, les allemands dégustaient un dîner festif dont le plat principal était une oie grasse rôtie, la toujours célèbre Martinsgans, oie de la St Martin qui d'après la légende ferait référence au poulailler à oie dans lequel Saint-Martin se serait caché pour échapper à sa charge d’évêque de Tours. Aujourd'hui, on accompagne l'oie de semmelknödel ou de kartoffelklöse (quenelles de pommes de terre) et de apfelrotkraut (chou rouge aux pommes).

Oie de la St Martin

Aujourd'hui, en Allemagne, aux Pays-Bas et dans certaines régions du France, pour le 11 Novembre, on organise chaque année un grand défilé, le Martinszug (défilé de la Saint-Martin) ; à la nuit tombée, les enfants suivent le cortège avec des lanternes et des lampions colorés ou même des betteraves artistiques sculptées (qu'ils ont confectionnés à l'école ou en famille durant les quelques jours précédent la fête) et vont ensuite quémander dans le voisinage quelques friandises, des pommes et des clémentines. On fait un grand feu et on déguste un weckmänner (brioches en forme de petits bonhommes tenant une pipe en sucre, symbolisant la crosse épiscopale de l'évêque), des martinshörnchen (petits croissants traditionnels de la St Martin) et un chocolat chaud en chantant des aires traditionnels et des comptines.

Martinsfeuer
Feux de la St Martin

"Laterne, Laterne, Sonne, Mond und Sterne. Brenne auf, mein Licht, brenne auf, mein Licht, aber nur meine liebe Laterne nicht !"
(Lanterne, Lanterne, Soleil, Lune et Étoiles, Brûle ma lumière, Brûle ma lumière, Mais surtout pas ma lanterne !")


"Ich geh mit meiner Laterne und meine Laterne mit mir. Dort oben leuchten die Sterne und unten da leuchten wir. Mein Licht ist aus, wir gehn nach Haus, rabimmel, rabammel, rabumm."
(Je vais avec ma lanterne, Et ma lanterne avec moi, Là-haut les étoiles brillent, Et nous brillons ici-bas, Ma lumière est éteinte, Je rentre à la maison, Rabimmel, rabammel, rabom.)


Voici une vidéo montrant un défilé de la St Martin, le 11 novembre 1961 aux Pays-Bas :


La fête de la St Matin à Dunkerque
La légende de St Martin raconte également qu'alors qu'il traversait les Flandres, il se soit arrêté à Dunkerque mais que son âne profita d'un moment d'inadvertance de son maître pour s'échapper (notons que la ville de Dunkerque n'est sortie des flots qu'au 7ème siècle et donc n'existait pas à l'époque de Martin, cette légende remonte au 16ème siècle !). La nuit venue, tous les habitants de Dunkerque auraient alors lancé une grande battue, munis de lanternes. L'âne aurait été retrouvé dans les dunes de Leffrinckoucke en train de brouter des chardons. Dans sa grande mansuétude, Martin aurait transformé les excréments que son âne avait laissés en chemin en petites brioches !
Aujourd'hui, ces petits pains... on les mange ! Ils sont préparés avec des raisins secs, portent le nom de voolaeren ("saleté" en flamand, prononcer "folard") ou craquandoules et on les distribue aux enfants lors de la procession nocturne !

Sources :
- Wikipedia
- Ville de Dunkerque
- Karambolage (Arte)
- La Voix du Nord
- Laterne, Laterne (Mama Lisa's World)
- Ich geh mit meiner Laterne (Mama Lisa's World)
- Crédit photos : "oie de la St Martin" : Zyance - CC-BY-SA-2.5 / "Feux de la St Martin" : Anubis85 KH - CC-BY-SA-3.0

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