Halloween

Les origines d’Halloween
Halloween est une fête celte et tire ses origines dans les célébrations de Samain.

Étymologiquement, le terme Samain pourrait avoir plusieurs significations, pour certaines controversées :
- terme gaélique issu du vieil irlandais « samuin », de sam (été) et fuin (fin), Samain signifierait donc « été de la fin » ou « fin de l’été »
- som (même), comme dans « samhuil » qui signifie « ressemblance »
- samani, mot d’origine celtique signifiant « assemblée »
- samain donne son nom au mois de novembre en irlandais (Mí na Samhna), en gaélique écossais (An t-Samhain) et en mannois (Sauin or Sounaghyn)

L’année celtique était divisée en quatre saisons : Imbolc célébrait le printemps, Beltane annonçait le début de la saison claire, Lugnasad l’automne et Samain annonçait la saison sombre, l’hiver. Les celtes vivaient selon un calendrier lunaire et la nouvelle année celtique se situait à une date correspondant pour nous au 1er novembre. Le Samain était l’époque de la fin des récoltes et de l’arrivée du froid, la fête durait trois jours et trois nuits.
Le premier jour était dédié aux héros, le second jour était consacré aux défunts et le troisième jour était une fête populaire pour tous. Ainsi, lors du dernier jour, les familles se retrouvaient autour de larges festins.

La veille du début du Samain, le 31 octobre, à la nuit tombée, avait lieu la grande cérémonie de la renaissance du feu. Cette journée, n’appartenait à aucune saison et se situait donc en dehors du temps. Durant cette nuit sacrée s’ouvrait un passage entre le monde des dieux et celui des humains. Les vivants rencontraient les défunts, les fées et les sorcières. Les âmes des défunts revenaient sur Terre pour hanter les maisons mais les Hommes craignaient l’au-delà. Il convenait donc de placer des lanternes le long du chemin pour guider les revenants, laisser la porte ouverte et leur garder une place à table. Durant cette même nuit hors temps, on éteignait le feu de l’âtre et on se rassemblait autour des Druides afin de célébrer la lumière en faisant un grand feu sacré. Chacun rentrait ensuite chez lui emportant avec lui quelques braises sacrées qui serviraient à rallumer le feu de sa cheminée et protéger ainsi la maisonnée pour l’année à venir.

En Gaule, durant le mois de samonios (novembre selon calendrier gaulois de Coligny), on célébrait Tri Nox Samoni, les trois nuits de Samain.

Samain fut par la suite christianisée. En l’an 610, la fête fut déclarée païenne par le Pape Boniface IV. En 840, le pape Grégoire IV fit du 1er novembre le jour de tous les saints. En 998, Odilon de Cluny (de L'abbaye de Cluny) y adjoignit la commémoration liturgique des morts, célébrée le 2 novembre. Enfin, au 9ème siècle en Irlande, la fête de Samain a été renommée en « All Hallow’s even » ou « All Hallow’s Eve », autrement dit « la veille de tous les saints », devenant plus tard Halloween.

Halloween (veille de la Toussaint 31 octobre), la Toussaint (1er novembre) et le Jour des Défunts (2 novembre) sont donc intimement liés, trois journées de célébration issues de la même fête celte du Samain.

Jack O' Lantern

Jack O' Lantern est un personnage tiré d'un vieux conte irlandais et narrant les mésaventures de Jack, maréchal-ferrant ivrogne et avare. Un soir de beuverie, Jack bouscula la Diable dans une taverne. L’ivrogne négocia un dernier verre avant de signer le pacte que le Malin lui proposa. Le Diable se transforma en une pièce de six pence que Jack s’empressa de mettre dans sa poche plutôt que de payer le tavernier comme promis au Diable. Le Diable fut enfermé dans cette pièce marqué d’une croix d’argent et Jack acquis le droit de vivre durant dix ans sans que le Diable ne lui demande rien. Dix ans plus tard, Jack retrouva le Diable sur une route de campagne. Jack tenta de négocier à nouveau avec lui en lui demandant de lui cueillir une pomme. Subrepticement, Jack grava une croix sur le tronc du pommier et obtint ainsi que le Diable ne prit jamais son âme. A sa mort, Jack, qui n’avait jamais cessé de boire durant toute sa vie, se vit refuser l’entrée au Paradis. Toutefois le Diable tint sa promesse et lui refusa également les enfers. Afin d’éclairer son chemin dans la nuit, Jack obtint du Diable un morceau de charbon ardent qu’il plaça dans un navet creusé. Jack erra ainsi avec sa lanterne jusqu’à la fin des temps et fut surnommé Jack of the Lantern (Jack à la lanterne), devenu plus tard… Jack O’Lantern, réapparaissant chaque année pour Halloween, le 31 octobre, nuit de sa mort.


Aux États-Unis
Entre 1840 et 1850, l’Irlande connut une grande famine et un exode massif vers les États-Unis. Les irlandais emmenèrent avec eux Outre-Atlantique leurs traditions dont celle d’Halloween. Dans les campagnes, on remplaça le navet par le légume à disposition, à savoir… la citrouille ! D’abord campagnarde, la tradition du Jack-o’-Lantern se rependit dans le reste du pays durant le 20ème siècle.
La fête s'est également répandue dans tous les pays anglo-saxons suite aux différentes migrations : Australie, Nouvelle Zélande, Canada puis le Québec, les pays du Royaume-Uni...


Aux États-Unis, Halloween a été peu à peu influencée par le Día de los Muertos, notamment célébré dans le sud-ouest du pays. Cette fête d’origine mexicaine, comme son nom l’indique, commémore les défunts sur trois jours, entre le 31 octobre et le 3 novembre. Halloween a pris dans le Día de los Muertos ses squelettes colorés, ses têtes de morts fleuris, et ses couleurs (noir, violet, bleu…) qui vont si bien avec l’orange de la célébrissime citrouille. D’autre part, Halloween qui avait pris ses sources dans la peur de l’autre monde invisible, de l’au-delà, a continué à jouer avec les peurs des Hommes. Ainsi, les déguisements effrayants, horrifiques ou même macabres sont devenus monnaie courante et il n’est pas rare de croiser le soir d’Halloween dans la rue des fantômes, zombies, sorcières accompagnées de chats noirs, ou autres monstres et visages sanguinolents…

Trick or treat
La tradition du porte-à-porte a toujours existé en Europe.
L’Homme a très tôt voulu conjurer le froid de l’hiver et l’obscurité. L’enfant « passeur », promesse d’un avenir heureux, était au centre des préoccupations et les villageois ouvraient ainsi leurs portes aux processions d’enfants et leurs faisaient des cadeaux par crainte de futures malédictions : des fruits, des confiseries, des petits gâteaux, des étrennes…
Ces joyeux défilés avaient lieu à Mardi-Gras, au jour de l’An, à Noël (encore aujourd’hui les enfants chantent des cantiques contre quelques menue monnaie), à la St Martin, à l’Épiphanie…
A Halloween, cette tradition est devenue le désormais célèbre « trick or treat », « un sort ou une friandise ».


En Allemagne et en Belgique
Le 10 novembre, veille de la Saint Martin, les enfants organisent de larges processions. La nuit venue, ils défilent dans les rues, éclairant leur chemin par des lanternes autrefois creusés dans des betteraves, aujourd’hui dans de jolis lampions faits maison.

En Suisse
Le second samedi de novembre a lieu la procession des lanternes Rabeliechtli, une fête d’origine nordique, de « Räbe » ou « Rübe » qui signifie « rave » et de de « Liecht » ou « Licht » qui signifie « lumière ». Les enfants défilent dans les rues à la lumière de leurs lampions, en chantant :

« Räbeliechtli, Räbeliechtli, wo gaasch hii?
I de tunkli Nacht, oni Stärneschii,
da mues mis Liechtli sii. »

« Räbeliechtli, Räbeliechtli, où vas-tu ?
Dans la nuit obscure, sans étoiles
il faut que mon lumignon soit. »


En France
Dans son ouvrage Noëls des Provinces de France, Nadine Crétin rappelle qu’une procession des allumoirs a lieu à la fin du mois d’octobre dans le nord de la France. Les enfants défilent dans les rues portant des lanternes vénitiennes en papier mâché fabriquées par leurs soins.

Ma belle-mère qui enfant habitait le Territoire de Belfort dans les années 1940 célébrait la veille de la Toussaint avec tous les enfants de son village. Ils creusaient des citrouilles, y déposaient un lampion, défilaient dans les rues à la nuit tombée et allaient frapper à la porte des habitants pour quêter des confiseries ou des fruits.

En Moselle (essentiellement dans le Pays de Nied), la veille de la Toussaint (et avant le retour d’Halloween en Europe), avait lieu la Rommelbootzennaat (nuit des betteraves grimaçantes en dialecte Francisque lorrain). Afin de célébrer la fin des récoltes et effrayer les passants, les enfants creusaient des visages effrayants dans des betteraves et les déposaient sur les rebords des fenêtres, dans les cimetières, sur les puits…

Samain a connu une autre survivance dans notre belle région de Bretagne, Nadine Crétin relate ainsi une tradition ayant perduré jusqu’au tout début du 20ème siècle. Il s’agissait de garder un peu de nourriture pour les âmes des morts qui revenaient durant la nuit de la veille de la Toussaint et laisser une bûche allumée dans l’âtre pour qu’ils puissent se réchauffer.

Halloween en France aujourd’hui
Lors du retour d’Halloween en Europe au début des années 1990, nombreux sont ceux qui en France ont fait front contre cette fête jugée trop américaine, dénonçant en même temps la surconsommation et le marketing à outrance pour des produits destinés aux plus jeunes (confiseries, costumes, gadgets et jouets…). D’autre part, des voix se sont élevées craignant que l’introduction de cette fête païenne ne signifie à long terme le balayage des célébrations chrétiennes de la Toussaint. La fête ne parvint pas à s’implanter et s’essouffla, les français se désintéressèrent rapidement d’Halloween. Il faudra attendre une petite vingtaine d’années pour que la fête refasse surface. Depuis 2010, Halloween est entré en résistance, notamment grâce aux enfants chez qui la fête avait plutôt bien pris (les plus jeunes aimes se grimer, se déguiser et apprécient les confiseries !). Ce regain, au départ anecdotique, semblerait s’affirmer dans le temps. Les adultes suivent timidement le pas en organisant des soirées déguisées et préparant des mets originaux. Aujourd’hui, les familles célébrant Halloween se positionnent d’avantage sur le DIY (Do It Yourself, Faites-le vous-même) en confectionnant des petites décorations et autres confiseries maison. Les tournées des enfants ont repris du poil de le bête et on aime se faire peur entre amis en visionnant quelques films horrifiques.

Célébrer Halloween en France ? C’est possible !
Si vous souhaitez organiser un Trick or Treat d'Halloween en famille ou avec vos voisins, voici quelques consignes.

Commencer par en parler autour de vous pour prendre un peu la température dans le voisinage et si besoin distribuer des flyers dans les boîtes aux lettres quelques semaines auparavant décrivant la marche à suivre à celles et ceux qui ne sauraient pas comment s’y prendre au moment de la tournée des enfants.

Donner la date (31 octobre) et l’heure (à la tombée de la nuit, donc à 18 h 00) et expliquez que vous allez faire le tour de la rue, du lotissement, ou de l’immeuble avec les enfants. Invitez les personnes souhaitant participer à coller une citrouille sur leur porte (ajoutez pourquoi pas un patron en papier en forme de citrouille à découper) ou à agrémenter le palier avec une décoration de circonstance :

Les enfants sonneront et taperont aux portes s’exclamant « Un sort ou une friandise ! ». Les participants s’engageront donc à prévoir les confiseries en question (l’idée est de donner un ou deux bonbons par enfant, évidemment pas le paquet complet !). Fournissez éventuellement un email ou un numéro de téléphone sur le flyer afin d’encourager les gens à poser des questions s’ils le souhaitent.
Le 31, en matinée ou quelques heures avant la tournée, faites le tour du voisinage pour voir qui participe. Et si les gens ont joué le jeu… c’est parti pour la procession !

Quelques règles de base pour le jour-J :
- Ne jamais laisser les enfants faire la tournée tout seuls, ils doivent être accompagnés d’au moins un adulte
- Ne jamais rentrer chez les gens, rester sur le pas-de-porte
- N’accepter que des confiseries emballées (et les trier chez soi)
- Etre visible et toujours circuler dans la lumière
- Tout le monde dans le groupe, enfants et adultes, doit être déguisé
- Ne pas manger tous les bonbons d’un coup !


Sources :
Wikipedia
mythologica.fr
Noëls des Provinces de France de Nadine Crétin
guide-irlande.com
Photo "Trick or treat" : RebeccaVC1 - CC-ND-2.0

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