La galette du Petit Chaperon Rouge

Un jour, sa mère ayant cuit et fait des galettes, lui dit : « Va voir comment se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle était malade. Porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. »
Les origines du Petit Chaperon Rouge
Le Petit Chaperon Rouge est un conte traditionnel populaire français. A l’origine oral, l’histoire était racontée dès le 14ème siècle. On a toutefois remonté sa trace jusqu’au 10ème siècle, dans l’œuvre de Egbert de Liège (né vers 972), diacre et maître d’école monastique (de l’école épiscopale de Liège), qui composait des fables religieuses et poèmes moraux et qui écrivit notamment « De puella a lupellis servata » (La Petite fille épargnée par les loups) qui deviendra plus tard Le Petit Chaperon Rouge.

Quod refero, mecum pagenses dicere norunt,
Ce que je rapporte, les paysans savent le dire avec moi,

Et non tam mirum quam ualde est credere uerum:
Et il faut moins s’en étonner que le croire fermement vrai.

Quidam suscepit sacro de fonte puellam,
Quelqu’un tint une petite fille sur les fonts baptismaux

Cui dedit et tunicam rubicundo uellere textam.
Et lui donna une robe tissée de laine rouge.

Quinquagesima sancta fuit babtismatis huius,
Ce baptême eut lieu à la Pentecôte.

Sole sub exorto quinquennis facta puella;
Au lever du soleil, l’enfant, âgée de cinq ans,

Progreditur uagabunda sui inmemor atque pericli,
Marche et vagabonde, sans se soucier d’elle-même et du danger.

Quam lupus inuadens siluestria lustra petiuit
Un loup s’en saisit, gagna la forêt sauvage et profonde,

Et catulis predam tulit atque reliquit edendam.
L’apporta comme gibier à ses petits et la leur laissa à manger.

Qui simul aggressi, cum iam lacerare nequirent,
Ils se précipitèrent sur elle, mais, ne parvenant pas à la mettre en pièces,

Ceperunt mulcere caput feritate remota.
Se mirent à lui caresser la tête, loin de toute sauvagerie.

'Hanc tunicam, mures, nolite', infantula dixit,
"Je vous défends, petites souris, de déchirer cette robe" dit la jeune enfant

'Scindere, quam dedit excipiens de fonte patrinus!'
"Que m’a donnée parrain à mon baptême! "

Mitigat inmites animos deus, auctor eorum.
Dieu, qui est leur auteur, apaise les esprits sauvages.

Les différentes versions du conte
Le Petit Chaperon Rouge a été retranscrit pour la première fois par Charles Perrault en 1697 dans Les Contes de ma Mère l’Oye - Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités. La version que l’on connaît aujourd’hui est relativement édulcorée. Il existe en fait plus d’une centaine de versions différentes du conte (partout dans le monde, et jusqu’en Asie), pour certaines relativement sanglantes (gore dirions-nous aujourd’hui) et très adulte, où le Petit Chaperon Rouge dévore sa grand-mère et où sa relation sexuelle avec le loup est plus explicite.
« En passant dans un bois elle rencontra compère le Loup ».
Illustration de Gustave Doré (1867)

Fonction sociale des contes
Il faut savoir que les contes n’étaient absolument pas destinés aux enfants mais étaient racontés aux adultes lors de veillées où étaient rassemblées des hommes et des femmes de tous les âges (l’alphabétisation débutait à peine en France). Les moralités dont il était question étaient souvent sombres, violentes et crues, même si certains contes offraient un dénouement heureux. Ces moralités questionnaient sur notre rapport à l’enfance et redonnaient souvent confiance en l’avenir aux masses populaires. Par exemple, Le Petit Poucet s’inscrit dans un contexte social particulièrement difficile où de nombreuses familles paysannes miséreuses à l’extrême abandonnaient leurs enfants car ils avaient trop de bouches à nourrir. En France, l’époque de Perrault (fin 17ème et début 18ème) fut marquée par des hivers atrocement rigoureux et des famines endémiques, l’enfant était le premier sacrifié dans les familles. Les contes redonnaient donc espoir en un avenir meilleur où la justice finissait par triompher contre l’adversité et les fléaux de la vie.
« Le Chaperon rouge fut bien étonné de voir comment sa grand'mère était faite en son déshabillé. »
Gustave Doré - Source gallica.bnf.fr / BnF

Les inventions des Frères Grimm
En Allemagne, au 19ème siècle, deux versions du Petit Chaperon Rouge furent rapportées à Jacob et Wilhelm Grimm (notamment par Marie Hassenpflug auteure de contes de fées et populaires, et sa sœur Jeanette). Rotkäppchen (La Capuche Rouge) parut pour la première fois dans leur recueil Kinder- und Hausmärchen (Contes de l'enfance et du foyer) en 1812. Dans cette version, le loup mange le Petit Chaperon Rouge, ainsi que la grand-mère, mais toutes deux sont ensuite sauvées par le chasseur (personnage inexistant au départ) qui suivait la piste du loup et qui ouvre le ventre de l’animal pour en sortir saines et sauves la fillette et sa grand-mère. On retrouve cette version dans le formidable ouvrage Les Contes de Grimm de Philip Pullman (Ed. Gallimard, 2012), qui utilisa comme matériau de départ Kinder- und Hausmärchen dans leur dernière édition de 1857. Cette version du Petit Chaperon Rouge, au dénouement heureux, est très largement répandue et c’est celle que l’on connaît le plus aujourd’hui. On y retrouve en outre les éléments incontournables de la galette et du petit pot de beurre, mets ô combien délicieux et réconfortants, destinés à Mère-Grand malade et alitée. Le Petit Chaperon Rouge traversant la forêt son panier à provision à la main est désormais devenue une image forte et incontournable dans l’imaginaire collectif.

Illustration de Jessie Willcox Smith (1911)

La Galette du Petit Chaperon Rouge
Après le cake d’amour de Peau d’Âne, je devais très logiquement m’attaquer à cette fameuse galette. J’ai donc cherché et lu beaucoup de recettes pour finalement me retrouver complètement perdue sur l’immense toile de l’Internet mondial. Manquant un peu d’informations (parfois le trop plein d’info tue l’info), j’ai dû m’adapter. Le résultat a été quelque peu décevant au niveau esthétique mais ma fois… plutôt sympa à la dégustation. Je vous livre cette première expérience qui est à améliorer.

Les ingrédients
  • 250 g de farine
  • ½ sachet de levure chimique (soit environ 6 g)
  • 1 pincée de sel
  • 125 g de beurre demi-sel
  • 125 g de sucre en poudre
  • 1 œuf + 1 jaune pour la décoration
  • 1 cuillère à soupe d’eau tiède

  • Préparation
    Commencez par sortir tous les ingrédients 1 heure avant la préparation.
    Juste avant de commencer la préparation, préchauffez votre four sur thermostat 6 (180°C).
    Dans un saladier ou un cul-de-poule, tamisez la farine, la levure et le sel.
    Dans un second saladier, mélangez le beurre mou, le sucre, l’œuf entier.
    Ajoutez le mélange de farine dans la seconde préparation et pétrissez le tout. A ce stade de la recette, le mélange était sensé être collant… mais chez moi il était surtout sablé (en même temps, étant donnés les ingrédients, je ne vois pas bien comment j’aurais pu me retrouver avec une pâte collante !!! ). Du coup, j’ai fini par ajouter le blanc d’œuf qui me restait, ce que je n’aurais sans aucun doute pas dû faire !

    Déposez la pâte dans un moule de 25 cm de diamètre. Pour ma part, j’ai utilisé une feuille de papier sulfurisée dans l’espoir de démouler plus facilement le gâteau par la suite.
    Mélangez l’eau tiède et le jaune d’œuf restant.
    Badigeonner le dessus de la pâte puis faites des croisillons à l’aide d’une fourchette ou d’un couteau (ma pâte n’ayant pas la consistance voulue, le fiasco attendu a bien eu lieu, impossible de créer une décoration nette et propre).
    Cuire 30 minutes (un peu plus chez moi).

    Verdict
    C’était très bon, et je recommencerai mais en ne mettant qu’un seul œuf (sans le second blanc donc) ce qui j’espère améliorera la consistance de la pâte. L’idée étant de se retrouver à priori avec une pâte de type sablé (je doute fort de l'aspect collant préconisé). Je ne pense pas que cela entame ma longue histoire d’amour avec les contes et je crois que ni le Petit Chaperon Rouge ni Mère-Grand ne m’en voudront pour la décoration définitivement à revoir. Dans tous les cas, je me suis vraiment bien amusée et mon goûter fut très sympa.
    Post-scriptum
    Il est possible de préparer cette galette au beurre salé pour l'Epiphanie en guise de Galette des Rois, d'autant plus astucieux par exemple si vous n'appréciez pas la frangipane. Dans ce cas, n'oubliez pas d'y glisser une fève.

    Source du poème : Château de Chokier

    Commentaires