Chandeleur et Imbolc, la mise à mort de l’hiver…
Qu’est-ce que la Chandeleur ?
La Chandeleur est une fête religieuse chrétienne dédiée à la Présentation de l’enfant Jésus au Temple de Jérusalem. Elle se déroule le 2 février, soit 40 jours après Noël. Elle fut célébrée dès le 4ème siècle et en 450 les fidèles ont organisé des processions nocturnes de cierges qui ont par la suite donner son nom à cette célébration de la lumière, en latin « festa candelarum » ou « fête des chandelles ». Il faudra attendre le 7ème siècle pour que la Chandeleur parvienne jusqu’à Rome.
Imbolc, aux origines de la Chandeleur
La Chandeleur tire ses origines dans la très ancienne fête païenne d’Imbolc, fête du renouveau célébrée par les Celtes le 1er février. Imbolc marquait un allongement marquant de la durée du jour et l’éveil de la nature. Il s’agissait d’une fête de purification qui permettait de se laver des souillures de l’hiver, accueillir de nouvelles énergies, inviter la lumière et renforcer le pouvoir du soleil. A cette occasion on organisait des bûchers pour réchauffer la terre et la purifier avant les semailles ainsi que des processions de torches enflammées la nuit dans les champs et les vergers. On fabriquait également des petits objets ou animaux en paille, protecteurs de toute la maisonnée, regroupée autour d’un dîner cérémoniel.
Il convenait évidemment de nettoyer et ranger intégralement la maison avant d’accueillir le printemps. Notez d’ailleurs que le mois de février tient son nom du mot « Februarius » qui en latin signifie « purification ».
« Goûter de chaque nourriture selon l’ordre,
Voilà ce que l’on doit faire à Imbolc.
Se laver les mains, les pieds, la tête,
C’est ainsi que je le dis. »
(Quatrain extrait de Hibernica Minora de Kuno Meyer)
En Irlande, on célébrait la déesse Brigit (continuation de la déesse indo-européenne de l'Aurore et déesse des arts, de la guerre, de la magie et de la médecine), associée à la saison printanière et à la fertilité. Brigit était invitée à pénétrer dans les logis afin de les purifier et de les protéger. A partir du 17ème siècle, dans les familles, on fabriquait des « Brigid's cross» ou croix de Brigit, à l’aide de joncs.
Cette activité se pratique encore aujourd’hui. Cette vidéo trouvée sur Youtube explique très bien comment procéder :
Le Jour de la Marmotte… et de l’Ours !
Dans le nord de l’Europe, dans les pays de culture germanique, mais également dans les régions pyrénéennes, les Alpes et les Ardennes, durant l’Antiquité et le Moyen-Âge, on aurait voué un culte aux ours. En effet, dès que l’animal sortait de l’hibernation, cela signifiait que le printemps était là. A cette occasion, on aurait organisé une grande fête, allumé des feux de joie et défilé au flambeau. Les hommes se seraient déguisés en ours et auraient mis en scène des simulacres d’enlèvement de jeunes filles !
Ce culte païen, appelée « Chandelours » se serait déroulé entre le 24 janvier et le 2 février et aurait été éradiqué par l’Eglise catholique. Qu’il soit ou non à l’origine de la Chandeleur, ce carnaval de l’ours, existe encore bel et bien aujourd’hui, notamment dans les Pyrénées et en Catalogne.
Cette hypothèse de l’ours reste intéressante car rappelons que le 2 février, dans certaines régions d’Amérique du Nord, on célèbre la marmotte lors du célèbre Groundhog Day (que nous connaissons désormais tous grâce au film Un Jour sans fin de Harold Ramis), pour précisément les mêmes raisons. L’animal sort plus ou moins joyeusement de son terrier après son hibernation et selon, sa réaction, on prédit la fin de l’hiver et le retour du printemps… ou au contraire encore de longues semaines hivernales ! Si vous désirez en savoir plus sur le Groundhog Day, je vous invite à lire mon article dédié, c’est par ICI.
Mais pourquoi mange-t-on des crêpes à la Chandeleur ?
La Chandeleur, comme chacun sait, est le jour sacré des crêpes. Préparer des crêpes en famille ou entre amis est l’évènement marquant du 2 février et des célébrations de fin d’hiver.
Selon la croyance communément répandue, les crêpes, dorées et en forme de disque, symbolisent le soleil et donc le retour du printemps. Ce plat fort peu coûteux était traditionnellement préparé avec le restant de farine de blé ou de froment car à la fin de l’hiver, les greniers étaient presque vides. Afin de s’assurer bonne fortune, chance, abondance et prospérité, il était de coutume de jeter la première crêpe au-dessus d’un meuble et elle devait y rester durant toute une année ! Une autre tradition, toujours en vigueur, est de faire sauter la première crêpe en tenant la poêle de la main droite tout en tenant enfermée dans sa main gauche un louis d’or ou de nos jours une pièce de monnaie.
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui retournent leurs crêpes à la spatule. Je trouve cela un peu dommage car l’opération perd en magie. Si vous utilisez un poêle à crêpes classique (et donc extrêmement légère), croyez-moi, faire sauter les crêpes est facile même si cela requiert un peu d’entrainement au début. Et puis c’est tellement amusant !
Il existe une autre explication, religieuse cette fois. La tradition des crêpes remonterait selon certains au 5ème siècle et serait attribuée au Pape Gélase 1er. Il voulut nourrir les pèlerins venus à Rome mais se rendit compte qu’il n’avait pas assez de farine pour faire du pain. Il dilua donc la farine dans de l’eau afin de confectionner de très fines galettes auxquelles il ajouta des œufs. La première crêpe serait née ainsi.
Recette de la pâte à crêpes
La pâte à crêpes, c’est simplissime !
Il vous faut :
Préparation
Mélangez au fouet la farine et les œufs.
Ajoutez le sucre et le sel.
Versez le lait progressivement tout en fouettant énergiquement et constamment afin d’éviter la formation de grumeaux.
Ajoutez le parfum.
Si quelques grumeaux se forment, passez votre pâte au tamis/chinois. S’il y a vraiment trop de grumeaux, un coup de mixeur plongeur vous sauvera.
Laissez reposer votre pâte environ 45 minutes et si vous êtes vraiment pressé, pas grave, zappez cette étape. On conseille toujours de laisser reposer ainsi la pâte car cela permet à l’amidon du blé de gonfler et d’absorber le liquide pour avoir ainsi une pâte plus souple et plus onctueuse. Objectivement, avec ou sans repos, je n’ai jamais vu de différences majeures dans la consistance de ma pâte à crêpe.
Pour savoir si votre pâte à crêpe est prête, trempez une louche dans la pâte, retournez-la et passez votre doigt dessus. Si le tracé est net, c'est que la pâte est prête !
Chauffer votre poêle sur fin moyen/vif. Graissez-la légèrement avec un peu d'huile à l’aide d’un pinceau de cuisine ou d’un papier absorbant imbibé. Versez une petite louche de pâte en recouvrant bien toute la surface. Cuire la crêpe 3 minutes. Retournez-la (en la faisant sauter c’est plus marrant !) et la cuire encore 2 minutes.
A déguster avec ce que vous aimez : sucre, confiture, gelée de groseille, sirop d’érable, crème de marrons, beurre de cacahuètes, miel, sauce caramel, pâte à tartiner, sauce chocolat, amandes grillées, chantilly, noix de coco rapée…
Joyeuse Chandeleur à toutes et tous !
Sources
Crédit photos
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