Krampus, le diable de Noël...


En France, lors des célébrations de la Saint Nicolas le 6 décembre, le bon évêque Saint patron des écoliers est accompagné du Père Fouettard. Ce dernier, sombre et effrayant, porte fouet et chaîne et est là pour punir les enfants qui n’ont pas été sages. Vous trouvez le personnage du Père Fouettard déjà fort inquiétant ? Et bien sachez que vous n’avez encore rien vu, car il y a pire, il y a… Krampus !

Les origines de Krampus
Krampus, créature anthropomorphe sauvage issue du folklore de l’Est de l’Europe, fait partie de la grande famille des personnages punisseurs de Noël. Il sévit principalement en Autriche, mais également au Liechtenstein, en République Tchèque, en Croatie, en Hongrie, en Slovaquie et Slovénie et dans certaines régions du nord de l’Italie. Son origine, incertaine, serait alpine et pré-chrétienne, une émanation des anciens rituels païens germaniques. Son apparence, telle qu’on la connaît aujourd’hui, se serait stabilisée au 17ème siècle.


Mi-chèvre et mi-démon, à la démarche malveillante, aux yeux enflammés, muni de hautes cornes, d’épais cheveux noirs et broussailleux, de sabots, d'une longue queue, de crocs acérés et à la langue pendante, fine et rouge sang, Krampus est démoniaque.
Son nom aurait pour origine « krampe » ou « krampen », un terme de vieil allemand signifiant « griffes », « crochets » ou encore « krampn » signfiant « flétri et sans vie ».

Selon des recherches récentes, reprises il y a peu par le National Geographic et le Smithsonian Magazine, Krampus serait le fils de Hel, déesse nordique des enfers. Il s’est toutefois avéré que cette filiation ne serait que le fait d’un auteur de littérature fantastique américain, Gerald Brom, dans son roman Krampus the Yule Lord (2012).


Krampusnacht, la nuit de Krampus
Très populaire en Autriche, des défilés traditionnels, les Krampuslauf (textuellement « pluies de Krampus ») sont organisés en son honneur entre le 4 et le 7 décembre (mais contrairement au Père Fouettard ou à Pierre le Noir, il n’accompagne pas St Nicolas). Des hommes, déguisés en Krampus, parcourent les rues et effrayent les passants, principalement les enfants, mais également les jeunes femmes. Krampus arbore un masque grimaçant abominable en bois peint terrifiant voire satanique, porte une peau de bête (généralement une peau de mouton), de lourdes chaînes (censées représenter son attachement aux Enfers), un fouet destiné à fesser les enfants, et parfois des cloches assourdissantes qu’il fait violemment tinter. Son passage tonitruant ne laisse ainsi personne indifférent.




Le rôle de Krampus est d’avertir les garnements, punir les mauvais enfants voire même, dans le pire des cas, les kidnapper dans sa large hôte ! Dans certaines versions plus récentes et adoucies de son histoire, Krampus se contente de distribuer aux polissons des morceaux de charbon et des baguettes taillées dans des branches de bouleau ou des fouets.

Krampus le proscrit
Dans les années 1930, le régime fasciste autrichien a interdit les célébrations liées à Krampus (associé aux sociaux-démocrates) mais depuis la fin du 20ème siècle la créature opère progressivement son retour… à tel point que l’image de Krampus est aujourd’hui largement commercialisée sous formes de petites figurines, souvenirs, chocolats…
L’église catholique a de son côté banni le personnage dans les années 1950, un représentant du Diable lui-même, jugé trop effrayant et pouvant mener à des scènes de panique dans les rues et surtout allant à l'encontre des coutumes chrétiennes de l'Avent.

Krampus au cinéma

En 2015 est sorti au cinéma Krampus, un film américain de Michael Dougherty.
Ce conte de Noël horrifique d'humour noir pour adultes met en scène le jeune Max qui, à l'approche des fêtes de fin d'année, voit toute sa famille se déchirer. Malheureux et écœuré, il décide alors que cette année, il ne célèbrera pas Noël. Ce manque cruel d'esprit festif déchaîne alors la colère de Krampus qui part à l’assaut de la maisonnée et de la ville toute entière, bien décidé à punir et anéantir tous ceux qui ont cessé de croire à l'esprit de Noël.
Derrière les scènes d'horreur (parfois amusantes mais pour public averti) se cache en fait un film politiquement incorrect qui en dit long sur notre vision actuelle des célébrations de Noël. Le film, bien renseigné et bien écrit, a en plus le grand mérite de respecter les croyances populaires et les légendes européennes. Un film à regarder dans sa version longue, jusqu'à la scène finale de la boule à neige qui peut être comprise à mon sens de différentes façons (je n'en dis pas plus afin de ne pas spoïler). Un film sombre à ne pas mettre entre toutes les mains... mais un excellent film de Noël !



Krampus, créature de l'hiver
Peut-être avons-nous assez de recul aujourd'hui pour voir en Krampus autre chose qu'un monstre sinistre diabolique. Comme toutes les créatures de l'hiver, son rôle reste bel et bien de repousser le mal et les ténèbres. A l'instar de toutes les personnifications hivernales fantastiques (Père Fouettard, Hans Trapp, Zwarte Piet, Housecker, Schmutzli, Berchta, Knecht Ruppecht...), leurs attributs que sont les cloches et les chaînes servent avant tout à effrayer non pas les Hommes, mais l'hiver lui-même, l'obscurité et la mort. Il sortent de leur tanière, de leur grotte... le temps d'une journée pour nous tracer le chemin jusqu'au retour de la lumière. Passés les 12 Jours de Noël et le 6 janvier marquant l'accroissement des jours, tous repartent dans un enchantement ayant chassé pour nous les mauvais esprits...


Crédit photos :
- Illustration autrichienne représentant St Nicolas et Krampus au tout début du 20ème siècle (CC)
- Meilleurs vœux de Krampus, carte postale (circa 1900) (CC)
- Couverture du roman "Krampus the Yule Lord" de Gerald Brom, Ed. Harper Voyager (2015)
- Procession de la St Nicolas et de Krampus (accompagnés d'une jument et d'une chèvre) en Russie (circa 1910)
- Krampus moderne à la Perchtenlauf de Klagenfurt - Anita Martinz (2006)
- Affiche française du film Krampus © Legendary Entertainment | Universal Pictures (2015)

Commentaires

  1. Merci de cet article. J'avais étoffé le mien il y a quelques temps ici : http://histoire-du-pere-noel.blogspot.com/p/09-saint-nicolas.html

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  2. Je fuis les films d'horreur comme la peste. Tu as éveillé ma curiosité pour celui-ci mais je reste sur mes gardes car je ne supporte pas la vue de scènes ensanglantées...

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    1. Si tu n'aimes pas les films d'horreur, je ne te conseille pas forcément celui-ci. Je n'ai pas le souvenir d'un film très sanglant, en revanche, c'est violent.

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