Le Solstice d'Hiver

Le solstice d'hiver est peut-être la fête la plus ancienne et la plus universelle qui soit. Elle représente le moment de l'année où le jour est le plus court et donc la nuit la plus longue. Nos ancêtres ont probablement craint que le jour ne se lève plus et, afin que la lumière triomphe sur les ténèbres, ils ont célébré le soleil. Mais il ne s'agissait pas seulement de fêter la lumière, c'était une question de vie ou de mort, car des saisons dépendaient toutes les récoltes et les cultures.

Les Celtes célébraient Yule, dérivé du mot "Jul" de l’ancienne langue norse (norvégien), signifiant roue, fête ou bière... Yule commençait la nuit du 25 Décembre et durait jusqu'au 6 Janvier. Pendant ces 12 jours sacrés, le travail était laissé de côté, ainsi que les querelles. On décorait les maisons de quelques branchages, on faisait brûler une bûche énorme dans le cheminée et on accueillait les Dieux avec des chants, des danses et des feux de joie. Notons également qu'avant la réforme du calendrier grégorien, la Sainte Lucie tombait le jour du solstice d'hiver).

Au nord, dans les pays germaniques, pour la fête de Jul, Odin (ou Wotan, Dieu de la Mort) visitait les Dieux de la fécondité et de l'abondance, Njord et Freya. L'Enfant Soleil et le renouveau de la nature étaient ainsi issus de l'accouplement des Dieux. De grands festins étaient organisés en l'honneur du retour du soleil. Odin lançait la nuit venue une chasse sauvage, accompagné des âmes défuntes de terrifiants guerriers (condamnés à errer entre les deux mondes) et montés sur des chevaux noirs. Ils traversaient ainsi les bois afin de réveiller la nature et rencontraient alors les génies de la forêt, les juls, à qui ils devaient offrir des victuailles.

De la même manière, en Scandinavie, la nuit du solstice d'hiver, on devait honorer les défunts en leur offrant une part du banquet de Jul et laisser la porte de sa maison ouverte afin que Huedren, la fée des bois, puisse venir se restaurer pendant la nuit. Quant au lutin Julenisse, on devait laisser pour lui, devant la cheminée, un peu de julgrogen (bouillie de Jul).
A noter que dans cette partie du monde, malgré le Christianisme, aujourd'hui encore les fêtes de Noël se nomment Yule.


A Rome, dans l'Antiquité, on célébrait Mithra, Dieu de la Lumière et de la Vérité, originaire d'Iran, dont le culte fut propagée par les armées romaines sous Jules César, dès 68 avant notre ère. Le culte de Mithra connut son apogée au 3ème siècle. Le Mithraïsme était un donc un culte païen, contemporain du Christianisme. A cette même époque, l'Empereur romain Aurélien (qui régna de 270 à 275) fit du 25 Décembre, jour du Solstice d'hiver selon le calendrier Julien (calendrier introduit en 46 avant notre ère, sous Jules César), le jour de la célébration officielle du Soleil Invaincu, ou en latin Sol Invictus, qui reprenait en partie le culte de Mithra.

Le 25 décembre était donc le Dies Natalis Solis Invicti (jour de la naissance du Soleil), plus tard Natalis donnera en latin Natale et enfin Noël. Sol Invictus était représenté sous la forme d'un nouveau né surgissant d'une grotte ou d'un rocher. Ce jour là, on sacrifiait un taureau. De plus, les rituels avaient quelques points communs avec les traditions Chrétiennes : repos dominical, baptême et partage de l'hostie. A noter que lors de la mise en place du calendrier Julien, le solstice d'hiver ne tomba plus le 25 décembre, mais le 21. Qu'importe, les romains continuèrent de célébrer Sol Invictus le 25 décembre, d'autant plus que durant les quelques jours précédant le Dies Natalis Solis Invicti, on célébrait également Saturne, dieu de l'agriculture, de la terre et de la vigne.

La grande fête des Saturnales se déroulait entre le 21 et le 24 Décembre. C'était l'occasion de célébrer la liberté, l'ordre était complètement chamboulé et les barrières sociales volaient en éclats, les maîtres devenaient esclaves et les serviteurs étaient maîtres pour un temps. Les écoles et les tribunaux étaient fermés. Un roi des Saturnales était élu parmi les soldats romains (on retrouve d'ailleurs quelques traces de cette tradition au Moyen-Âge avec la Fête des Fous), des banquets publics orgiaques étaient organisés et on défilait dans les rues à la lueur des flambeaux. Le dernier jour on s'échangeait des cadeaux, souvent des petits objets en terre cuite, des chandelles de cire et les enfants recevaient quelques jouets ou présents (figurines d'argiles, des petits gâteaux…). La fête des Sigillaires (du latin sigillum, sceau) clôturait ainsi cette joviale période.

Que ce soit dans les pays Celtiques, à Rome, en Europe du Nord ou en Germanie… tous les peuples célébraient le soleil, la lumière, le renouveau et les bonnes récoltes à venir. Si l'automne était associé aux morts, Noël quant à elle, était symbole de joie, de chaleur et de lumière, de partage. L’Église Chrétienne s'est appropriée la date du 25 décembre au 4ème siècle. Elle interdit sans un premier temps les célébrations païennes et s'imposa progressivement en remontant en direction du nord. Quand en 354 l'Empereur romain Constantin décida que son empire devrait se convertir au Christianisme, le Pape Libère aurait imposé la date du 25 décembre comme la date de la naissance de Jésus (contre l'avis de l’Église d'Orient qui elle avait préféré la date du 6 Janvier et de l’Épiphanie - apparition en grec, jour de la manifestation de Jésus face aux Rois Mages). Jusqu'ici, on ignorait cette célébration chrétienne et plusieurs dates avaient été avancées pour la naissance du Christ (25 Décembre, 6 janvier, 28 mars, 19 avril ou encore le 29 mai). Il n’y a aucune raison historique de fixer la naissance du Christ le 25 décembre, cette date fut simplement choisie afin de contrer et supplanter les rituels païens liés à Mithra et au Soleil Invaincu.

Sources :
- Wikipedia
- paganisme.fr
- projetbabel.org
- Noël, Histoire et traditions de Marie-France Noël

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